Note de l’auteur : y’a pas de mort ni rien, mais c pa joyeux, vous êtes prévenues !
J’ai eu comme une impression de déjà vu en la tapant celle-ci, j’pense qu’elle doit ressembler à une ou 2 autres songfics écrites ou lues il y a longtemps… Mais je me souviens plus lesquelles. Donc désolée si j’ai piqué l’idée à quelqu’un, et si vous y reconnaissez quelque chose, je veux bien que vous me rafraichissiez la mémoire en me donnant des titres lol Je sais que LaLa avait écrit une songfic sur celle-ci me semble-t-il, mais l'histoire devait être un peu différente... j'espère lol
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Il ne comprenait pas pourquoi il avait été invité. Peut-être était-ce une torture soigneusement orchestrée. Peut-être avait-elle sincèrement voulu qu’il soit là. Peut-être n’avait-elle pas eu son mot à dire sur l’organisation. Peut-être était-il juste une personnalité si incontournable de la ville que son nom faisait automatiquement partie de toutes les listes. Peut-être White y était-il pour quelque chose. Cela n’avait pas vraiment d’importance.
Ce qu’il aurait voulu comprendre en revanche, c’était pourquoi il était venu. Sans doute par pur masochisme, songea-t-il en portant la flute de champagne à ses lèvres et en s’efforçant de ne pas suivre du regard la reine de la soirée.
En vain, bien sûr. Qu’il le veuille ou non, ses yeux se détournaient toujours de toutes les personnes inintéressantes qui passaient dans son champ de vision pour revenir à la plus belle erreur qu’il avait jamais commise.
Cette robe aurait dû être illégale, décida-t-il. Il regrettait bien assez, même quand il n’avait pas sous les yeux ce corps désirable enveloppé de satin rouge. Il regrettait bien assez, même sans voir le tissu suivre le moindre de ses mouvements. Il regrettait bien assez, même sans la quantité presque indécente de peau dévoilée par la coupe plongeante dans le dos. Il regrettait bien assez, même sans cette délicate fente sur le côté qui révélait une jambe au galbe parfait.
Le grognement qu’il avait jusque là réussi à retenir lui échappa quand pour la quatrième fois en un quart d’heure un inconnu s’approcha d’elle dans l’intention de l’inviter à danser, mais il parvint à se calmer quand elle déclina poliment.
Il y avait longtemps qu’il n’avait plus le droit d’exprimer, ou même de ressentir, la moindre jalousie, et c’était de sa propre faute.
Contrairement à ce qu’avaient pensé leurs amis à l’époque, en prononçant les mots qui avaient mis fin à leur relation, il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il savait ce qu’il perdait. Il savait qu’il ne serait jamais tout à fait aussi heureux que lorsqu’il était avec elle.
Ce qu’il ignorait, c’était que des années plus tard, il la verrait plus radieuse que jamais, et que tous les efforts qu’il avait accomplis pour se tenir éloigné d’elle seraient anéantis en une poignée de secondes.
I’ve never seen you looking so lovely as you did tonight
Je ne t’ai jamais vue aussi adorable que tu l’étais ce soir
I’ve never seen you shine so bright
Je ne t’ai jamais vue aussi radieuse
I’ve never seen so many men ask you if you wanted to dance
Je n’ai jamais vu autant d’hommes te demander si tu voulais danser
Looking for a little romance
A la recherche d’un peu de romance
Given half the chance
Si on leur donnait la moitié d’une chance
I have never seen that dress you’re wearing
Je n’ai jamais vu cette robe que tu portes
Or the highlights in your hair that catch your eyes
Ou les reflets dans tes cheveux qui accrochent ton regard
I have been blind
J’ai été aveugle
Le champagne dut avoir quelque chose à voir avec la décision qu’il prit alors. Ignorant toutes les raisons indiscutables pour lesquelles il avait rompu quinze ans plus tôt, il fendit la foule et arriva auprès d’elle avant le énième prétendant qui tentait de l’approcher. Il écarta sans ménagement la main de l’homme et lui proposa la sienne à la place, tout ce qu’il ne pourrait jamais exprimer par des paroles passant dans un simple regard. Elle sembla d’abord surprise, à peine une seconde, puis son regard s’adoucit en même temps qu’un sourire mélancolique étirait ses lèvres, et elle plaça une main dans la sienne, acceptant une invitation pour la première fois de la soirée. Toujours sans un mot, il l’entraîna au milieu de la piste de danse et l’incita à prendre place entre ses bras, posant une main au creux de ses reins alors que la sienne trouvait son épaule.
Les hauts talons lui permettaient d’être presque à la même hauteur que lui, et au lieu d’essayer de maintenir une certaine distance comme il avait craint qu’elle le ferait, elle effleura sa joue de la sienne. Il resserra son étreinte sur elle, leurs corps retrouvant naturellement leur place l’un contre l’autre.
Comme s’il ne s’était pas écoulé quinze ans depuis la dernière fois qu’ils avaient dansé ensemble, huit depuis la dernière fois qu’ils s’étaient adressé la parole, et six depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus.
The lady in red is dancing with me
La femme en rouge danse avec moi
Cheek to cheek
Joue contre joue
There’s nobody here
Il n’y a personne ici
It’s just you and me
Il n’y a que toi et moi
It’s where I wanna be
C’est ici que je veux être
But I hardly know this beauty by my side
Mais je connais à peine cette beauté à mes côtés
I’ll never forget the way you look tonight
Je n’oublierai jamais l’allure que tu as ce soir
Il ferma les yeux, oubliant les autres invités et l’endroit où ils se trouvaient alors que les souvenirs dont il n’avait jamais réussi à se débarrasser le prenaient à la gorge. Des baisers, des rires, des caresses, des nuits passées à la regarder dormir, des danses, des sorties, même des disputes qu’il aurait tout donné pour revivre, si cela voulait dire la retrouver auprès de lui chaque matin et se rendormir contre elle chaque soir.
_Tu me manques, Lex.
Il s’immobilisa brusquement et la sentit s’écarter en réponse. Trop stupéfait pour répondre, il se contenta de la regarder, cherchant à savoir s’il avait bien entendu, s’il ne s’agissait pas d’un lapsus.
Manques. Au présent. Pas tu m’as manqué. Tu me manques.
Au sourire qu’elle lui offrit, assorti d’un léger hochement de tête pour lui signifier qu’elle avait bien dit ce qu’il pensait qu’elle avait dit, il sentit sa respiration se bloquer, son cœur se mettre à cogner violemment contre sa poitrine, ses jambes faiblir. Se ressaisissant, il trouva le courage de prononcer le seul mot dont il pouvait se souvenir en cet instant :
_Chloé.
I’ve never seen you looking so gorgeous as you did tonight
Je ne t’ai jamais vue aussi magnifique que tu l’étais ce soir
I’ve never seen you shine so bright
Je ne t’ai jamais vue aussi radieuse
You were amazing
Tu étais incroyable
I’ve never seen so many people want to be there by your side
Je n’ai jamais vu autant de personnes voulant être à tes côtés
And when you turned to me and smiled
Et quand tu t’es tournée vers moi et que tu as souri
It took my breath away
Cela m’a coupé le souffle
I have never had such a feeling
Je n’ai jamais ressenti
Such a feeling of complete and utter love
Un amour aussi absolu et complet
As I do tonight
Que celui que je ressens ce soir
_Je n’ai jamais cessé de t’aimer.
Que pouvait-il répondre à ça ? Avait-il même besoin de répondre ? Il était persuadé que ses sentiments étaient évidents. Cela ne faisait aucun doute. Elle n’aurait pas pris le risque de lui avouer une telle chose si elle pensait qu’il ne ressentait plus rien pour elle. Alors il ne put que répéter :
_Chloé…
Il ne saurait jamais ce qui déclencha l’explosion. Peut-être simplement quinze ans de frustration et de douleur, ou peut-être le reproche qu’il n’avait pas cherché à dissimuler. Toujours est-il qu’elle s’écarta davantage, prenant assez de recul pour que le bruit de la gifle retentisse dans toute la salle. Il ne chercha pas à l’éviter. Il la méritait depuis longtemps. L’observant en silence, il tenta de faire un pas dans sa direction en voyant les larmes qu’elle retenait à grand peine, mais elle l’arrêta d’un geste de la main. Elle sembla reprendre le contrôle de ses émotions et plongea son regard dans le sien pour annoncer calmement :
_Tu n’as pas plus le droit de prendre cette décision aujourd’hui que tu ne l’avais il y a quinze ans.
Les mots lui revinrent brusquement alors que l’injustice de l’accusation le frappait plus violemment que la gifle ne l’avait fait.
_Je ne cherchais qu’à te protéger !
_De quoi ? Du mal que tu aurais pu me faire ? Devine quoi, Lex : tu m’en as fait. Est-ce que ça t’a donné bonne conscience de penser que je n’avais pas souffert ? Est-ce que tu l’as même réellement cru ?
Sa colère s’évanouit aussi brusquement qu’elle était née et il poussa un soupir résigné en répliquant d’une voix à peine audible :
_Pendant longtemps, oui.
_Tu as eu tort.
_Je sais.
Sa simple admission sembla avoir un effet calmant sur elle aussi et elle secoua doucement la tête devant le gâchis qu’une seule décision unilatérale avait pu provoquer dans l’existence de deux êtres qui auraient pu être si heureux ensemble. Tentant de désamorcer la tension toujours présente, il esquissa un sourire en remarquant :
_Au moins ta carrière aura-t-elle bénéficié de ton insistance à ne plus réellement t’attacher à personne. Je ne t’ai pas encore félicitée pour le Pulitzer.
Elle lâcha un rire sans joie en jetant un coup d’œil vers la scène où reposait le trophée remporté la semaine précédente. Il suivit son regard avant de lui accorder de nouveau toute son attention.
The lady in red is dancing with me
La femme en rouge danse avec moi
Cheek to cheek
Joue contre joue
There’s nobody here
Il n’y a personne ici
It’s just you and me
Il n’y a que toi et moi
It’s where I wanna be
C’est ici que je veux être
But I hardly know this beauty by my side
Mais je connais à peine cette beauté à mes côtés
I’ll never forget the way you look tonight
Je n’oublierai jamais l’allure que tu as ce soir
_Je n’avais pas vingt ans quand tu as décidé qu’il valait mieux pour moi qu’on se sépare, et ça a défini mon attitude envers les hommes pour le reste de ma vie. Mais dans l’ensemble, je n’ai pas eu à me plaindre. Parce qu’au moins, aucun n’a jamais pu me faire souffrir autant que toi.
Il acquiesça. Une fois de plus, il ne voyait pas ce qu’il pouvait dire. Des excuses auraient sans doute été appréciées, mais rien ne pourrait jamais vraiment effacer le mal qu’il lui avait fait. Quand le silence s’éternisa un peu trop à son goût, il leva une main pour effleurer sa joue et la vit fermer les yeux. Alors il demanda doucement :
_Pourquoi as-tu accepté de danser avec moi ?
Elle rouvrit les yeux, cherchant à évaluer l’importance qu’il accordait à sa réponse.
_Pour me prouver que je pouvais te résister.
_Et ?
_Et je ne peux pas, répondit-elle dans un sourire triste.
Il hocha de nouveau la tête en interprétant ses paroles à demi-mots. Elle ne pouvait pas plus résister à ce qui existait toujours entre eux qu’elle ne pouvait se permettre de lui accorder de nouveau sa confiance, et il le comprenait. Rien ni personne ne pouvait effacer un cœur brisé suivi de quinze ans d’une indifférence soigneusement feinte. Et il n’était même pas sûr d’avoir envie d’essayer, pas quand il savait qu’il commettrait les mêmes erreurs et que c’était elle qui en souffrirait. Alors, comme au ralenti, savourant ce dernier contact pour pouvoir s’y raccrocher quand il repenserait à cette soirée au cours des années à venir, il laissa sa main retomber à ses côtés, il se pencha vers elle, déposa un léger baiser au coin de ses lèvres et prononça avant de s’éloigner à jamais :
_Je suis désolé.
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Fin
Dim 29 Aoû 2010 - 2:24
