Je sais pas trop c'que ça va donner finalement mais voici ma ptite participation au challenge des 30 baisers! J'ai tenté quelque chose, j'espère que ça sera clair et lisible, vous me direz!
Disclamer: Rien ne m'appartient blablablah.
*
_ Dites aaah...
_ C’est une plaisanterie ?
_ Non pourquoi ?
_ Parce que cette personne est morte.
_ Je suis quand même médecin.
_ Légiste.
_ Soit. Et vous êtes ?
_ Un témoin. J’ai pour ordre de pas bouger... Comment vous êtes devenue médecin légiste ? Une passion pour le morbide ?
_ En quelque sorte.
_ Et vous allez faire quoi là ?
_ Je vais observer le corps, voir s’il n’y a pas un indice... Alors, vous êtes qui, vous faites quoi ?
_ Lex, j’ai 25 ans, je suis lion et je fais du tennis de temps en temps.
_ Ah ah ah. Pourquoi vous êtes le témoin du crime qui a coûté la vie à une jeune femme ?
_ Au mauvais endroit au mauvais moment.
_ Vous semblez triste subitement.
_ Une jeune femme est morte.
_ Elle était plutôt jolie non ? Blonde, les yeux clairs.
_ Oui... Et vous ?
_ Moi j’ai 33 ans et je fais de la photographie.
*
_ Dites aaah...
_ Aaah...
_ Vous avez la gorge un peu rouge voilà tout.
_ Ça expliquerait les picotements ?
_ Possible.
_ Vous ne semblez pas certaine pour un médecin.
_ Légiste.
_ Soit. Et la belle endormie alors ?
_ … étranglée. Les marques rouges autour de son cou sont celles de deux grandes mains. Quelqu’un de plutôt solide. Un homme jeune, vigoureux. Des contusions et les ongles rougis indiquent qu’elle s’est débattue. Qu’avez-vous vu ?
_ Juste son corps. Je n’ai fait que la découvrir à vrai dire.
_ Alors pourquoi vous restez ici ?
_ Je voulais savoir ce qui lui est arrivé.
_ C’est donc une connaissance. Ou une curiosité malsaine.
_ Je vais dire ni l’un ni l’autre pour le moment. Ça vous excite la mort ?
_ Pardon ?
_ Pour qu’une jeune femme aussi mignonne que vous tâte des morts à longueur de journée, il faut en retirer quelque chose.
_ Et d’un, c’est un peu trop flatteur à mon goût. Et de deux, ça ne m’excite pas tant que cela. Bien sûr, l’image des médecins légistes est celle d’excentriques un peu bizarre qui parlent aux morts... Soit, je leur demande toujours d’ouvrir la bouche, c’est une plaisanterie d’école de médecine. Mais sérieusement, est-ce que j’ai l’air d’un vieil universitaire écossais à lunettes ?
_ Je n’ai jamais dis ça. C’est bizarre que vous soyez aussi normale tout en côtoyant des morts tous les jours.
_ … Je suppose.
*
_ Aaaah ! Vous voyez là ? On dirait la marque d’une bague ou d’une alliance, le tueur en portait une à l’annulaire. Vous n’avez pas chaud ?
_ Si, je vais enlever ma veste. Cette morgue ne devrait pas être fraîche ?
_ Si, mais ce n’est qu’une impression. La présence des cadavres fait souvent cela. Vous vous êtes déjà retrouvé dans une pièce remplie de squelettes ? L’atmosphère est si étouffante qu’on pourrait y travailler en maillot de bain.
_ Ça me réchauffe le cœur de vous imaginer en maillot de bain ici.
_ Votre cœur a-t-il besoin d’être réchauffé ?
_ Je suis assis en face d’une morte. Et vous avez un très joli sourire.
_ Cette association de termes est sympathique.
_ A-t-elle de la famille ?
_ On n’a rien trouvé près d’elle. Pas de sac, pas de papiers. Pas d’alliance.
_ Pourquoi en porterait-elle ?
_ On aurait pu supposer un crime passionnel, un mari jaloux.
_ Pourquoi pas. C’est un coup classique ?
_ Très classique. Si vous saviez le nombre de femmes tuées par leur mari ou leur amant que j’ai autopsiées...
_ Mais pourtant chacune a sa propre histoire.
_ … Vous êtes bien sombre.
_ Les réduire à un quota sans prendre en compte quelles souffrances elles ont pu traverser, ce n’est qu’une preuve de froideur. Peut-être que cette femme était malheureuse, que son mari se détournait d’elle, la trompait, l’ignorait. Alors elle a trouvé un amant, un homme gentil, un journaliste intègre, tout l’inverse de son mari. Lui il la faisait rêver, il savait distiller la vérité. Le mari, lui, passait son temps à mentir. Il la trompait depuis un moment déjà. Mais il n’a pas supporté de la voir avec un autre.
_ … C’est un scénario bien rôdé.
_ Les femmes peuvent être si inconstantes.
_ Le mari la trompait depuis longtemps pourtant.
_ Le mari couchait, la femme faisait l’amour.
_ Vous faites réellement une différence ?
_ En existe-t-il réellement une ? A votre avis ?
_ Il y a des hommes qui font l’amour et des femmes qui couchent. Dans tous les cas, votre scénario pourrait coller, regardez. Un suçon sous le nombril, un amant passionné.
_ Quel serait votre scénario à vous ?
_ Elle est une jeune femme délicate, habillée en Prada, elle aime prendre l’air sur le toit de son immeuble, ça en devient une habitude. Cette nuit-là c’est différent, elle a bu un verre de vin, elle est un peu anxieuse, elle veut parler avec l’homme qu’elle aime et qui est marié. Elle lui a demandé de la rejoindre sur le toit, l’a supplié de quitter sa femme pour elle. Il s’est énervé, a fait demi-tour puis est revenu sur ses pas, il l’a saisie à la gorge et l’a étranglée. Une fois morte, il a pris son sac en pensant que ça ralentirait l’enquête et il a fui, paniqué.
_ Intelligent.
_ Mais ?
_ Je n’ai pas de « mais ».
*
_ « Dites aaah... »
_ Pardon ?
_ Pourquoi les médecins disent ça, pourquoi pas « ouvrez la bouche » ?
_ …
_ Vous n’avez aucune explication ?
_ Non.
_ Mais quel genre de « aaah » ça devrait être ? Un « aaah » de surprise ?
_ Je ne sais pas, mes patients ne me répondent jamais... Pourquoi vous vous rapprochez comme ça ?
_ Dites aaah pour voir...
*
_ Ça ressemblait à un baiser.
_ Désolé. Je ne sais pas ce qui m’a pris.
_ Si vous approchez encore une fois, je vous découpe en morceaux avec ma scie !
_ Je suis désolé, ça ne se reproduira pas.
_ Y a intérêt ! Restez derrière le corps !
_ Je ne bouge pas, promis.
_ Bon sang... J’peux savoir ce qui vous prend ?
_ J’en sais rien, je vous trouve attirante c’est tout.
_ Vous êtes bien impulsif.
_ … Votre ton est suspect.
_ Je vous trouve étrange.
_ …
_ …
_ Va-t-on se dévisager encore longtemps ? Je vous ai dis que j’étais désolé.
_ C’est juste que je ne comprends pas pourquoi vous restez là !
_ Je suis là pour elle !
_ … Vous êtes tendu. Pourquoi vous ne me diriez pas votre lien avec elle hein ? Que faisiez-vous sur le toit de cet immeuble ?... Que sortez-vous de votre veste ?
_ Ne soyez pas si craintive.
_ Qu’est-ce que c’est ?
_ Mon alliance. Et celle et que j’ai retirée à ma femme.
_ C-c’était vous ?
_ C’est mon scénario le bon. Je suis le mari jaloux.
_ …
_ Pourquoi vous êtes si pâle ?
_ A-à votre avis ?
_ Je n’ai pas compris pourquoi ni comment j’ai réussi à faire ça.
_ « Réussi » ? Vous avez tué votre femme.
_ Et j’y suis arrivé n’est-ce pas ? Regardez-là, elle qui riait pour un oui pour un non. Elle est figée.
_ …
_ Si je suis ici c’est pour me rendre. Elle m’a rendu malheureux alors que je croyais tellement en nous.
_ Mais vous la trompiez.
_ En réalité, c’était elle qui couchait. Et moi qui ai rencontré une journaliste.
_ Ah. Pourquoi vous vous êtes déprécié dans votre scénario ?
_ C’est moi qui l’ai tuée.
_ C’était un crime passionnel.
_ Et ça pardonne le meurtre ?
_ … Non. Mais disons que je peux comprendre.
_ …
_ Vous souriez.
_ Oui, je suis content d’avoir pu discuter un peu... Vous souriez vous aussi.
_ A un meurtrier oui, mais ce n’est pas comme si vous aviez fui.
_ Quand je sortirai de prison, je pourrais vous inviter à boire un verre ?
_ Et bien il faudrait que je vous avoue quelque chose d’abord.
_ Quoi ?
_ Je...
*
_ Qui êtes-vous ?
_ Je suis le témoin monsieur, bonsoir.
_ Non pas vous, elle ?
_ C’est le médecin légiste.
_ Non, c’est moi le médecin légiste.
_ C’est ce que je voulais vous dire. Je ne suis pas le médecin légiste en vérité, je suis journaliste et je m’appelle Chloé.
_ Vous êtes... journaliste ?
_ Votre histoire n’est finalement pas si intéressante que ça pour un papier Lex.
_ Posez cette blouse et sortez de ma morgue !
_ Tout de suite monsieur. Ah et j’attendrai votre coup de fil pour le verre !
_ Ah, oui oui...
_ Ne soyez pas aussi décontenancé, aucun de nous n’était ce qu’il paraissait être.