Titre: La fortuité des choses
Rating: Tout public
Particularité: Réponse au challenge 30 baisers et correspondant au numéro 28. Médicament.
Disclamer: La série smallville ne m'appartient pas et ça m'éclate seulement d'écrire, je n'en tire rien qu'une satisfaction personnelle d'avoir terminé.
Note de l'auteur: J'espère que vous l'apprécierez. J'ai pas encore fait le tour des fautes d'orthographe, de grammaire ou même d'étourderie, j'étais trop contente d'avoir terminé. Mais pas de soucis je corrigerai ça.
Have fun !
La fortuité des choses
Le nez fourré au fond de son sac, elle s'engouffra dans l'ascenseur sensé la monter vers la gloire. Aujourd'hui, jour important entre mille. Aujourd'hui, un rendez-vous avec Perry White pour une future collaboration!
Replaçant une mèche rebelle derrière son oreille pour mieux y voir, elle rejette un coup d'œil rapide dans l'habitacle et se glissa dans un coin de l'appareil.
Où avait-elle mit son calepin ? Sans lui comment allait-elle pouvoir prendre des notes ?
_ Où est-il nom d'un chien ? Oh et puis on y voit rien dans cet ascenseur ! Ils ne pourraient pas l'éclairer mieux que ça !? HEIN ?!
Comme pour lui répondre, un bruit strident de rouages se fit entendre et la cabine s'immobilisa non sans un soubresaut qui lui fit lâcher son sac. La sacoche tomba à terre et se vida littéralement à ses pieds.
_ Merde.
Une courte seconde, elle fut soulagée d'être seule, au moins personne ne verrait ses tampax éparpillés partout. C'est quand elle vit une main d'homme se refermer sur son badge de journaliste pour l'aider à ramasser ses affaires qu'elle poussa un cri intérieur. En quatrième vitesse, elle attrapa les pièces à conviction et les fourra dans sa poche avant de lever la tête.
*-*-*
_ Lex ? Lex Luthor ? Vous vous souvenez de moi ?
Le sus-nommé lui jeta un regard de biais et scruta ses traits avant de plisser les yeux.
_ Et bien...
Une minute s'écoula avant que le jeune milliardaire ne regarde sa main détentrice de la réponse à la question. Il n'hésita pas, refusant de chercher plus longtemps une information qu'il savait au bout de ses doigts. Il ouvrit sa paume pour dévoiler le badge bleu sur lequel était écrit très largement : Chloé Sullivan, grand reporter.
_ L'amie de Clark Kent. Vous ne vous souvenez vraiment pas de moi ?
Elle fronça les sourcils et sans le quitter des yeux rangea frénétiquement son fourbi dans son sac.
Son visage lui rappelait vaguement quelque chose mais il n'arrivait pas à y associer un quelconque souvenir. Oui, bien sûr son nom lui parlait : Chloé Sullivan, la fille de son directeur d'usine de Smallville, journaliste à ses heures perdues, mais c'était tout. Pourquoi l'appelait-elle Lex tout en le vouvoyant ? Monsieur Luthor n'était-il pas plus approprié ?
Sans lui laisser le temps de dire quelque chose, elle coupa court à ses réflexions :
_ Le bouton d'appel ne marche pas et on ne va rester comme ça à se regarder dans le blanc de l'œil jusqu'à ce que la nuit tombe, non ? Vous avez du réseau ?
Elle avait changé de sujet rapidement mais il ne s'en formalisa pas. Au moins, elle ne lui avait pas rappelé un quelconque souvenir compromettant les concernant.
_ Alors vous en avez ? Redemanda-t-elle presque aussitôt.
A première vue, elle, n'en avait pas. Elle secouait son cellulaire dans l'espoir de décrocher un seul petit bâton capable de la sortir de là, sans succès. De la poche intérieure de sa veste, il sortit son téléphone et scruta l'écran. Rien. Que restait-il comme possibilité ?
_ Très bien... Alors je récapitule : Nous sommes enfermés,
Il leva les yeux.
_ entre le 6ème et le 7ème étage. Nous n'avons pas de réseau et le bouton d'appel d'urgence ne fonctionne pas.
Il desserra le nœud de sa cravate pour être plus à l'aise.
_ Je commence à croire que nous allons rester là un bon moment mais ils finiront bien par se rendre à l'évidence que l'ascenseur ne fonctionne plus et aviseront.
Son ton rassurant se voulait convaincant autant pour elle que pour lui. Pourtant, dans sa liste de leurs malheurs, il avait omis d'ajouter qu'il s'agissait de l'ascenseur numéro 5. Il y avait donc une probabilité que personne ne remarque la panne avant un certain temps voire jusqu'au soir. Si l'ascenseur ne venait pas, les usagers pressés par le temps allaient en utiliser un autre sans se soucier du pourquoi. Il aurait agit de la même manière à leur place.
Au regard qu'elle lui lança, elle y avait pensé. Et c'était bien normal, elle était journaliste après tout.
Il déboutonna son col de chemise et retira complètement sa cravate bordeaux.
_ Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Elle haussa les épaules.
_ Aucune idée. Vous êtes dans l'immeuble pour quoi ?
_ Affaires. Et vous ?
_ Un article pour le Daily Planet. Mais j'ai bien peur de ne pas être à l'heure. Il me reste 5 minutes...
En posant son sac à terre, elle glissa le loin de la paroi et s'assit sur le sol. Elle laissa trainer son regard vers le jeune Luthor et ne put s'empêcher de remarquer son costume hors de prix. Ils n'étaient vraiment pas du même monde. Il y avait un fossé entre eux. Le vaste trou entre la classe moyenne et la haute société. Elle soupira devant la réalité des choses.
A une époque, Smallville les avait rapproché. Elle, la petite lycéenne et lui, le meilleur ami de Clark. Le jeune fermier était le lien entre eux. Ils avaient partagé des choses, mais c'était il y a si longtemps. Elle ne s'en souvenait que par les écrits qu'elle avait fait de leur journée dans ses journaux intimes de ces folles années.
Ils étaient souvent ensemble par l'intermédiaire de Clark. Elle ne se souvenait réellement que de certaines fois au talon où elle avait discuté de tout et n'importe quoi avec le milliardaire devant une tasse de café fumante. C'était le bon temps. Pas de contraintes, pas de loyer à payer tout les mois, pas de rendez-vous, rien que le plaisir de discuter.
Mais ce temps-là s'était estompé peu à peu. Clark était parti faire ces études ailleurs. Ils n'avaient plus le lien. Ils s'étaient perdu de vue. Elle avait voulu faire le tour du monde, était devenue reporter sans frontière. Et lui ? Elle avait suivi son évolution dans le monde des affaires à travers les journaux. Il était devenu le plus riche milliardaire de la côte ouest. Aujourd'hui, elle avait 27 ans, il en avait 32. Ce n'étaient plus des adolescents.
S'ils ne s'étaient pas retrouvés coincés dans cet ascenseur, elle n'aurait fait que le saluer platement sans engager la conversation. De toute manière, il ne se souvenait plus d'elle, dès qu'elle lui avait posé la question, elle avait pu s'en apercevoir. Il avait oublié leurs discussions d'adolescents.
Rien de plus normal, c'était un homme d'affaire qui n'entretenait aucun relation autre que professionnel après tout.
*-*-*
_ Reporter sans frontière c'est ça ? Sur quoi porte votre article ?
_ La Chine. Je ne sais pas si vous connaissez l'hist...
Elle se retint de rire. Bien sûr qu'il connaissait, ils en avaient discuté des tas de fois. C'était même pour cette raison qu'elle était parti là-bas. La grande muraille de Chine... D'après beaucoup, ce serait l'un des seuls monuments que l'ont pourrait voir de la lune. Elle avait voulu écrire un article là dessus. Confrontant les points de vue, décrivant les différents monuments plus haut que la muraille, plus long... ça lui avait pris un certain temps mais elle s'était beaucoup amusée à l'écrire.
_ L'histoire de ?
_ De la grande muraille. Vous la connaissez ?
Lex ouvrit la bouche pour répondre mais hésita un instant. N'y avait-il pas une drôle d'impression de déjà vu ? Baisse du psychisme ou réelle répétition d'une conversation déjà entretenue avec la même personne ?
Il baissa la tête vers Chloé, le visage tendu dans sa direction. Il y avait dans ses yeux quelque chose qui lui rappelait vaguement quelque chose mais il n'arrivait pas à retrouver quoi. Il se passa une main sur le front. Il sentait la migraine sur le point de venir le narguer. Impossible de chercher plus profond un souvenir qui ne voulait pas revenir de lui même, il savait qu'il en souffrirait. Alors négligemment, il s'assit à ses côtés pour entamer une conversation qu'il savait avoir déjà eu.
_ Oui, je la connais. Près de 10 millions d'ouvriers, morts pour une construction grandiose. Près de 5 dynasties plus tard, un monument d'un peu moins de 9000 kilomètres de long.
Chloé hocha la tête et entreprit de lui parler de son article.
En l'écoutant, Lex l'observa du coin de l'œil. Il savait maintenant, qu'il la connaissait. Chloé Sullivan comment avait-il pu oublier ses mimiques, son air passionné quand elle parlait d'un sujet qui lui tenait à cœur. Il se revoyait 15 ans plus tôt à une table du talon, un cappuccino à la main la contemplant. Chloé, la bavarde comme s'amusait-il à la surnommer.
Il fronça les paupières et se massa les tempes pour estomper la douleur lancinante.
_ Ça ne va pas ? Je vous ennuie ?
Il leva le nez. Elle avait cessé de parler et le dévisageait, le regard inquiet.
_ Désolé. Ce n'est rien. Vous pouvez continuer.
N'allait-il jamais avouer sa douleur physique devant quelqu'un ? Bien sûr que non. Encore moins devant une journaliste à l'affût. Même si elle s'était retranchée dans le journalisme d'investigation dans d'autres pays rien ne lui permettait de penser qu'elle ne le descendrait pas dans un article digne d'un torchon.
La douleur plus vive encore lui fit fermer les yeux et il rejeta sa tête en arrière en grimaçant.
Face au rictus de douleur de son interlocuteur, Chloé ne put qu'interrompre son monologue.
_ Clairement, ça n'a pas l'air d'aller. Qu'est-ce que vous avez ?
Jamais. Jamais, il ne dévoilerait une faiblesse.
Mais face aux maux de tête insupportables, il n'arriva pas à articuler la moindre phrase de négation. Devant son mutisme, Chloé se rapprocha de lui et posa une main sur son front.
Lex sursauta. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle agisse ainsi.
_ Vous avez mal quelque part ?
Il hocha la tête résigné et marmonna le mot migraine.
_ Je dois avoir quelque chose contre les maux de tête. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour une migraine mais ça devrait au moins atténuer la douleur.
Elle farfouilla dans son sac et en sortit une boîte de médicaments et une bouteille d'eau à moitié vide.
*-*-*
Plouf.
Le cachet blanc tomba dans le fond de la bouteille.
Petit à petit, des bulles se formèrent autour comme pour le grignoter et des morceaux se détachèrent avant de se dissoudre totalement dans le liquide transparent.
_ Tenez, buvez ça.
Elle lui tendit la bouteille qu'il prit d'une main. Lentement, il but son contenu et ferma les paupières.
Les néons au dessus de leur tête lui brûlaient les yeux.
La douleur trop vive l'empêchait de réfléchir. Il ne souhaitait qu'une chose. Dormir. Être seul, dans son appartement, les rideaux clos et dormir. Dormir pour ne plus rien sentir.
Les migraines ne le prenaient pas souvent mais quand cela se produisait sa vie devenait un enfer. Dans cinq heures tout irait mieux. Mais pour l'heure...
*-*-*
La tête entre les mains, les genoux repliés sur lui même. L'homme fragile que Chloé avait en face d'elle n'était plus le Alexander Joseph Luthor tout puissant. Il avait un petit quelque chose du Lex Luthor d'avant. Plus humain, moins robot. Mais est-ce qu'il fallait souffrir pour redevenir ainsi ?
Incertaine, elle ne savait plus vraiment quoi faire. Elle savait que les migraines étaient atroces. Elle avait des amis qui en souffrait. Mais que faire pour le soulager ?
A quatre pattes, elle glissa sur le sol afin de se rapprocher assez du milliardaire pour que leurs épaules se touchent. Puis tout doucement, elle tira sur son bras, le forçant peu à peu à dégager sa tête de sa main puis elle plaça sa propre paume sur le joue du milliardaire et d'un geste rapide le fit tomber délicatement sur ses genoux. Il ne broncha pas, n'émit aucune contestation. La tête chauve du milliardaire reposait maintenant sur le haut de ses jambes. Il semblait presque plus serein. D'un main experte, elle souleva sa tête et glissa son pull en guise d'oreiller.
_ Reposez-vous murmura-t-elle.
*-*-*
Une heure qu'ils étaient dans cette position. L'ascenseur n'avait pas bougé, personne n'était venu les sauver. Le plafonnier s'était éteint depuis longtemps et la diode de secours faisait baigner l'habitacle dans une lumière vert pâle.
Lex n'avait pas bougé, n'avait rien dit depuis qu'elle lui avait donné le médicament. A sa respiration régulière, elle savait qu'il dormait. Qu'il dormait ou bien qu'il se reposait.
Dans tous les cas, ça ne lui ferait pas de mal. Elle était sûre qu'il se démenait plus que de raison.
Mais quoi de plus normal pour un businessman acharné comme lui ?
Elle scruta son visage et se remémora soudain une scène qu'elle avait oublié depuis longtemps.
Lex, ce même Lex dans son manoir. Elle était entrée sans frapper dans le grand salon. Elle l'avait trouvé devant la cheminée, un scotch à la main. Il n'avait pas l'air bien et elle avait compris en regardant l'album de photo ouvert sur la table basse qu'il avait ressassé des souvenirs douloureux. Liliane Luthor sur ces photos semblait tellement heureuse, tellement vivante.
Elle s'était approchée lentement et il lui avait jeté ce regard. Un regard vide, triste qui l'avait ébranlé. Qu'était-elle venu faire au manoir Luthor ce jour là ? Elle ne s'en souvenait plus.
Toujours est-il qu'il s'était levé, chancelant sous le poids de l'alcool et l'avait attrapé par les bras. Elle n'avait pas bougé, angoissée qu'il puisse commettre n'importe quoi d'irréparable.
Il s'était mis en colère. Qu'est-ce qu'elle fichait là ? Elle n'avait pas su répondre, lui avait répondu de se calmer, que tout irait bien. Mais qu'est-ce qu'elle en savait ? Elle n'était qu'une gamine.
Il l'avait secoué, en colère contre le monde entier. Elle ne s'était pas laissée démonter et il avait fini par la lâcher avant de s'écrouler sur le sofa.
Elle se rappelait l'avoir couvert par une couverture et de l'avoir regardé dormir puis d'avoir laissé flâner ses doigts le long de sa joue. C'est à ce moment là, qu'il avait ouvert les yeux et l'avait attiré vers lui.
C'était son premier baiser. Premier baiser au goût ambré.
*-*-*
_ Il y a quelqu'un là-dedans ?
Chloé sursauta. Lex ouvrit les yeux et se redressa.
_ Oui, nous sommes là !
Elle avait hurlé le long de la paroi comme une naufragée se raccrochant à sa bouée.
*-*-*
Trois heures, qu'ils étaient enfermés. C'est le portier de l'immeuble qui s'était aperçu de la panne. Chloé debout devant les portes coulissantes n'avait aucune envie de voir Perry White. Dans le hall derrière elle, le monde tournait. Mais elle n'avait pas envie de débattre des points forts de son travail. Elle jeta un regard circulaire sur le trottoir et croisa le regard un peu perdu du milliardaire.
A le voir presque de nouveau lui même mais pas encore tout à fait, elle eut un pincement au cœur. Est-ce qu'ils avaient partagé quelque chose dans ce réduit ? Ou allait-il l'oublier comme ce premier baiser, il y a tant d'années ?
_ Je peux vous raccompagner si vous voulez.
Elle avait dit ça comme ça, presque certaine de se voir octroyer un refus.
_ D'accord.
*-*-*
Elle se gara devant l'immeuble aux grandes baies vitrées et regarda Lex détacher sa ceinture de sécurité. Sans un regard dans sa direction, il ouvrit la portière et s'extirpa du véhicule.
Au moment de refermer la portière, il se retourna et se pencha vers l'intérieur.
_ Tu montes ? Je n'ai pas eu le fin mot de ton article sur la Chine. Et puis, on ne sait jamais j'aurais peut-être encore besoin de toi, Mademoiselle Médicament.
Fin