Et bien voilà! Une suite
Merci pour les commentaires, je vois que mon ami Tom fait grande impression sur vous ^^ Enfin, vous verrez... Vous allez aimer
et... vous verrez ce que vous verrez ^^
Donc toujours immense merci pour votre soutien et votre lecture
Gros bisous et bonne lecture!
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Le pacte de Tuvalu
La pluie avait cessé pour quelques instants. Chloé ouvrit légèrement la parka qu’elle avait dénichée dans les stocks de l’hôtel. Dieu qu’il faisait chaud. Elle pensait que le vent permettrait de diminuer la température mais les vents étaient encore bien chauds. La tempête était doucement en train de se muer en cyclone et les Tuvaluans étaient contraints de quitter les motus les plus fragiles le temps que le ciel se calme. Les derniers évènements météorologiques avaient déjà fait des ravages sur Tuvalu et le gouvernement avait jugé préférable de rassembler les habitants sur le plus grand motu de Funafuti.
- Suivant !
Chloé attrapa le sac d’un enfant puis l’aida à monter à bord du bateau. Tout en le rassurant, elle lui expliqua ce qu’il devait faire et ne pas faire. C’était le troisième bateau de la journée et elle était devenue une véritable experte en accueil des passagers. La majorité des habitants de ce motu seraient à l’abri à la fin de la journée et elle en était soulagée.
Elle fut surprise d’entendre le bruit caractéristique de l’envol d’un avion. Levant les yeux, elle l’aperçu peu après dans le ciel. Elle venait de rater sa dernière occasion de partir. Cet avion était surement le dernier à pouvoir s’envoler, le temps devenait de plus en plus incertain.
Elle avait volontairement choisi de ne pas partir de cet atoll tant qu’un habitant ne serait pas en sécurité. Ce n’était pas pour flatter son ego mais elle se sentait proche de ces gens. Elle avait vu dans sa vie des fermiers perdre espoir face à des tornades. Les Tuvaluans, eux, pouvaient voir leur état détruit par un cyclone. Elle se refusait de les abandonner à leur sort.
Lorsque le bateau se lança sur lagon, Chloé attrapa le bras Nohoarii et l’entraina à l’avant. Ce n’était pas vraiment la chose la plus prudente à faire mais elle devait lui poser une question loin des oreilles indiscrètes.
- Le lagon devient plus dangereux, n’est-ce pas ?
- Disons plutôt que les vagues se font plus fortes. Ne t’inquiète pas.
- Plus facile à dire qu’à faire… Le cyclone va être nommé ?
Il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme dans un signe évident de réconfort.
- Il y a des risques oui, sa puissance semble se renforcer, donc oui, il se peut qu’il soit nommé.
Que pouvait-elle répondre à ça ? Qu’elle était désolée ? Elle n’y était pour rien et pourtant, elle aurait voulu en faire plus. La nomination du cyclone impliquait qu’il était dévastateur. Elle reprit contenance puis alla amuser les enfants qui se trouvaient là. Au moins, elle pouvait toujours leur changer les idées pour un instant.
Lorsqu’ils arrivèrent sur Fongafale, Nohoarii tenait trois enfants dans ses bras sous l’œil amusé de Chloé. Ils aidèrent ensuite les habitants à descendre et leur indiquèrent la direction à suivre.
- Chloé, on va aller chercher encore quelques personnes mais tu ferais mieux d’aller voir comment vont les autres.
- Mais…
- Non, aucune contestation possible.
Elle leva les yeux au ciel pour montrer sa désapprobation. Puis, assez agacée, elle retourna à l’intérieur de l’hôtel. Le grand hall était vide et ses pas résonnaient dans la pièce. Soudain, Rosalinda lui tendant un peignoir de bain arriva dans son champ de vision.
- Mais… » Elle était atterrée.
- Tu es trempée, je refuse que tu tombes malade. Sèche-toi un peu. » L’ordre était sans appel.
- Mais tu devais être dans cet avion !
- J’ai préféré rester. Sèche-toi un peu, jeune fille.
- Mais… » Elle frottait énergiquement ses cheveux. « Mais c’est de la folie !
Perry allait lui passer un savon. Et pas un petit. Elle avait laissé le scoop du siècle sur un atoll menacé par un cyclone. Un gros cyclone. Il allait la tuer. La massacrer. Littéralement.
- Chloé… Tu es restée aussi. » Rosalinda se voulait clairement sarcastique.
- Oui, mais ça n’a rien à voir ! Moi je veux les aider !
- Moi aussi.
- Rahhhh… Il va me tuer !
- Qui ?
- Mon boss ! Perry quoi…
- Tu veux dire que cet homme est violent ? Alors qu’il aime Elvis ?! Et tu veux que je le rencontre ?!
- Non, pas vraiment, c’est juste que… »
Elle cherchait une explication convenable lorsque la voix forte de Rosa vint interrompre le fil de ses idées.
- Je refuse de le rencontrer !
- Rosa ! Non, ce n’est pas…
- Il n’en est pas question.
- Mais non, en fait, il voulait que toi, tu sois en sécurité, il se moque pas mal de ma survie. Mais la survie de la femme parfaite qui aurait épousé Elvis… ça lui importe bien plus.
Rosalinda éclata de rire en voyant la mine dépitée de Chloé. D’un geste presque maternel, elle lui ébouriffa les cheveux.
- Chloé, ce type m’a l’air un peu étrange mais ça m’étonnerait que tu ne lui importe pas. Il t’a quand même envoyée ici. Et tu me trouves donc parfaite ?
- Oui, parfaite, mais il m’a envoyée ici pour le boulot, pas les vacances.
- Plains-toi seulement.
- Tu étais danseuse dans un super… cabaret. Je t’assure que c’est bien plus romantique que mon job. Bon, j’y retourne, ils ont besoin d’aide. Mais toi, tu ne bouges pas d’ici, Rosa.
- D’accord. Mais fais attention à toi, le vent commence à devenir plus fort.
Alors qu’elle retournait dans la ville la plus proche pour aider les habitants, Chloé croisa un homme qui semblait toujours aussi élégant même vêtu d’un immense poncho contre la pluie.
- Luthor ? Mais… et… » Elle indiquait le ciel avec son doigt, incapable de s’exprimer clairement.
- Non Sullivan, je n’ai pas pris l’avion.
Elle était stupéfaite. Un cyclone s’approchait dangereusement et ce foutu milliardaire refusait de partir ! Un coup de vent plus puissant emporta un morceau de tôle et ils se réfugièrent un instant dans une minuscule maison.
- Et Léa ?! Vous avez seulement pensé au danger que vous lui faites courir en restant ici ? Et à vous !
- Elle est dans l’avion en ce moment même. Et je suis un grand garçon, je sais comment faire.
Muette, Chloé le dévisageait. Il avait mis en sureté sa… compagne et lui restait là à…
- Pourquoi ?
Devant son incrédulité, il soupira en passant une main sur son crâne nu. Visiblement mal à l’aise, il ressemblait à un jeune garçon échafaudant une excuse à une énième bêtise.
- Une intuition. Quelqu’un doit bien veiller sur vous.
- Sur moi ? » Elle était purement et simplement stupéfaite. Il se souciait d’elle ? C’était tellement ridicule ! « Je ne vous comprend plus. Sincèrement.
- Moi non plus, ça nous fait une chose en commun.
Après quelques instants de silence, il se remit à parler.
- Bon, disons simplement que Perry ne me laisserait pas vivant si je laissais sa petite protégée seule au milieu de l’océan face à un cyclone.
- Je ne partirai pas avec vous. Je reste pour aider ces gens. Et Perry ignore que vous êtes ici ! Pourquoi diable…
- Chloé… Vous allez rentrer avec moi. Dans le prochain bateau.
- Non et ce n’est pas négociable. J’ai appris à connaître ces gens, leur vie et ce que ces désastres naturels ont comme impact. Et je ne peux décemment pas les abandonner à leur sort.
- Et il a fallut que je tombe sur une journaliste avec des scrupules. Et vous n’avez vraiment rien dit à White me concernant ? » Il parut impressionné quand elle hocha la tête. « Et puis, Sullivan, vous ne pesez pas lourd dans la balance. Votre impact ici va être minime.
- Peut-être mais j’aurai un impact. Et c’est bien mieux que de fuir.
Elle ne l’avait pas dit avec méchanceté. Elle ne le visait pas en particulier, c’était un simple constat mais il avait tiqué. Elle l’avait vu dans son regard, pour une fois qu’il n’arrivait pas à masquer ses sentiments. Il se reprit pourtant très vite. Penché en avant, il accrocha son regard au sien.
- On va faire un pacte, Sullivan. Je consens à vous aider disons, pendant… disons encore un jour sur l’atoll. Mais ! Car il y a un mais, au moindre signe que la situation devient trop dangereuse, nous serons évacués comme les autres. C’est un cyclone qui approche, pas une mini tornade.
- Et en échange ?
Il sourit comprenant qu’elle n’était pas totalement dupe.
- En échange, vous continuerez à ne rien publier me concernant. C'est-à-dire, pas de résumé de mes vacances, aucune mention de ma relation avec Léa, aucun sous-entendu à propos de moi et des BD, ni de mes rapports avec la navigation sur pirogue. A ça, s’ajoute que je ne veux en aucun cas que mon aide sur l’atoll soit divulguée. Rien de rien. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en vacances. C’est bien compris ?
Elle savait qu’elle était au pied du mur, il n’autoriserait aucun refus. Et puis, elle avait bien besoin d’un allié pour aider les Tuvaluans.
- C’est d’accord.
- Dernière close : nous ne nous retrouverons plus jamais en même temps sur une île. Pas même sur une île aussi géante que l’Australie. Je doute que Léa vous pardonne un jour. Elle semble… » Il hésita et elle se demanda s’il craignait de lui révéler des choses ou s’il cherchait à ne pas l’énerver. « Elle croit que vous cherchez à me séduire, que vous êtes jalouse,… Depuis quelques temps, elle a des idées un peu… étranges. Seul un continent pourrait nous contenir tous les trois.
- Vous êtes ridicule.
- Jamais. Vous acceptez ?
L’accord fut conclu d’une poignée de main qui dura plus longtemps que nécessaire selon Chloé.
- On commence par quoi, Sullivan ?
***
Ils aidaient une dame et ses enfants à s’installer lorsque la silhouette de Rosa se dressa devant l’entrée de l’hôpital. Elle était trempée et échevelée mais ce fut son apparente colère qui étonna le plus le duo.
- Rosa ! Que se passe-t-il ?
Elle leur indiqua d’un signe de la main qu’elle voulait reprendre un peu son souffle, puis, dans un mouvement que Chloé qualifia de théâtral, elle entama un monologue passionné et colérique.
- Ce sale petit potier ! Je jure qu’il ne s’en sortira pas aussi facilement ! Foi de Rosalinda Kiening ! Si je l’attrape, il ne pourra jamais s’échapper ! Je vais le découper en morceau puis les faire frire pour ensuite les donner à manger à des pingouins… » Elle s’arrêta en constatant l’air interloqué du milliardaire et de la journaliste. « Vous n’êtes pas encore au courant, c’est pour ça. Nous allons être transférés d’urgence en hélicoptère. Avec interdiction de revenir ici tant que tout ne sera pas remis en ordre.
- Quoi ?! » Le cri de Chloé fit sursauter un bon nombre de Tuvaluans.
- Ce sale petit potier de mes deux a eu la bonne idée de demander notre départ immédiat pour nous protéger ! Il a trop peur que tu sois blessée et dans l’incapacité de… comment a-t-il dit cela encore… hum… ah oui ! Dans l’incapacité de faire partager ton don inné au monde entier. Et je crois qu’il a été tellement persuasif qu’ils ont acceptés ! Nous devons partir dans une heure.
- Non… Non ! Il n’en est pas question.
- Je crains que nous n’ayons pas le choix, Sullivan. » Lui répondit Lex en lui montrant quelques policiers qui attendaient à quelques pas de là.
- Vous êtes milliardaire ! Vous pouvez y faire quelque chose, non ?
- Je suis riche, pas au dessus des lois.
Résignée, Chloé soupira. Une heure plus tard, ils étaient tous les trois dans un hélicoptère qui survolait l’atoll. Le cyclone était clairement visible au loin. Selon les dernières données, sa puissance diminuait mais les dégâts seraient importants.
Elle soupira et un coup de coude gentil de Rosalinda lui indiqua que ce n’était pas approprié. De l’autre coté, Lex écrivait dans un carnet qu’il lui tendit.
« Au moins, ce départ est original. J’attends avec impatience de lire l’article que vous pondrez de cette histoire. Et pas de mention de mon nom, n’oubliez pas notre pacte. »
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Fin du premier tome de Paradisiaque ! A bientôt pour la suite !